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Société

Hameau de Platoun

Bayonne : deux ans après les "rêves en bois", le cauchemar dure

Ramuntxo Garbisu

eitb.com

Un expert judiciaire déplorant des "contradictions techniques entre les images et la description de la chose vendue" : l'ensemble du Platoun est en passe de mériter son surnom de "favelas de Bayonne".

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Deux ans après l''inaguration en grandes pompes des habitations en bois au Nord de Bayonne, le constat lapidaire de l''expert judiciaire missionné par le Tribunal de Grande Instance, le 31 mars dernier, ne s''encombre pas de fioritures, en déclarant que "tous les problèmes constatés étaient prévisibles à la conception et visibles ou contrôlables à la réalisation de ces 39 maisons du Hameau de Platoun", écrit Pierre-Hugues Soriano dans son rapport.

Une fois envolées les grandes déclarations sur des maisons d''avenir parfaitement Grenello-compatibles, une partie de ses habitants a trouvé à ces "rêves en bois" un titre bien moins idyllique, à savoir les "Favelas de Bayonne".

Issu de l''imagination créatrice de l''architecte Bernard Buhler, et de l''urbaniste Denis Caniaux, chargé de mission à l''Office Public de l''Habitat, l''ensemble urbain du hameau de Plantoun à Bayonne (Pays Basque nord) se voulait une réponse à un double enjeu, écologique et économique.

Le 22 mai 2009, nous nous étions pour notre part interrogés sur la durabilité de ces "palombières", vendues pour un prix d''accession social de l''ordre de 200.000 euros, et aujourd''hui force est de constater que des propriétaires n''en supportent plus les graves défauts d''isolation thermiques et phoniques, ou, sur les facades, de larges taches noires dûes à l''humidité et au pourrissement du bois.

Rien n''est dû au hasard, explique le rapport de l''expert, quand doivent être considérées des "invraisemblances et erreurs techniques à tous les stades du dossier".

"Une maitrise d''oeuvre qui a perdu le contrôle technique du dossier", des "contradictions techniques entre les images et la description de la chose vendue", et "certains défauts, malfaçons et non conformités, trop graves pour être seulement réparés" : la coupe est pleine, et personne n''y échappe, jusqu''au bureau de surveillance de l''ouvrage, l''APAVE, "qui a entériné des solutions hors normes".

Acculé par les propriétaires mécontents, l''Office Public de l''Habitat de Bayonne, considéré comme le promoteur immobilier du projet, a tout d''abord accueilli avec dédain les plaintes (selon les témoignages apportés dans le blog des "Favelas de Bayonne"), avant de faire face au mécontentement par une liste de "réserves", le 10 mars 2010, permettant de dimensionner des répérations ou des travaux complémentaires.

Rien en tout cas en mesure de convaincre l''expert, qui explique que ces réserves sont "l''arbre qui cache la forêt", quand pour lui, la démolition de ces habitations, "non conformes aux normes et règles techniques en matière de construction à ossature bois", serait la solution la plus pertinente.

Une instruction judiciaire devrait voir le jour, plus largement que la seule mission de l''expert Soriano.

Pendant ce temps, confie le rédacteur du blog des Favelas, "l''été, il fait plus chaud dedans que dehors (en moyenne 40 degrés à l''étage), et l''hiver, on meurt de froid ! Pour exemple, j''ai payé 1.250 euros /an d"EDF pour une maison de 60m2 !!!!! En sachant que nous avons chauffé en continu uniquement la pièce de vie de 30m2 ! L''agent Edf m''a confirmé qu''une construction de 2009 de cette surface devrait coûter au grand maximun 700 euros/an".

La Ville de Bayonne a récemment confié son accord pour voir ces propriétaires un peu mieux pris en charge, notamment pour une procédure leur permettant de concevoir une revente à la collectivité publique de ce futur amoncellement de bois de chauffage, tandis qu''un collectif de copropriétaires du Hameau, baptisé l''ADEF, s''est constitué.

Sur le blog du Collectif de Résistance d''Intervention Citoyenne de Manosque, on peut lire ce témoignage concernant le Hameau de Platoun, daté du 23 juin dernier et signé d''un "pigeon qui s''est bien fait plumer" :

"On a, une fois de plus, le sentiment d''avoir été pris pour des cons. On a joué de notre désir de réussite sociale ( quoi de plus naturel, pour un couple qui travaille honnêtement, qui donne de sa personne pour faire tourner une machine économique inhumaine pour des cacahuètes ) pour nous vendre du vent. Les banques, elles, vont bel et bien toucher les intérêts de nos emprunts sur 30 ans. Les promoteurs ont bel et bien été payés (cher) pour des travaux bâclés, sous-traités, réalisés par des précaires encore plus mal lotis que nous.

Mais nous, nous avons tout perdu
".

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