cerrar buscador
Bilatu

19:37

Société

Bayonne

Les villes taurines planchent sur le "comment", pas sur le "pourquoi"

Ramuntxo Garbisu

eitb.com

Cette tradition qui a la peau aussi dure qu'un dos de taureau a nourri bien des efforts à Bayonne ce samedi pour "sauver la corrida de la crise". N'y a-t-il pas d'autres urgences ? A voir.

  • La baisse de fréquentation inquiète les villes taurines

    La baisse de fréquentation inquiète les villes taurines

  • Whatsapp
  • Whatsapp
  • telegram
  • Envoyer

Des Assises de la Tauromachie, une Charte, et au final, "une date historique" pour les corridas : à Bayonne, sept municipalités désireuses de maintenir cette pratique dite culturelle dans leurs arènes ont mis en scène un plaidoyer pro-tauromachie qui permette de "trouver des solutions pour pérenniser un secteur en crise".

Ce "spectacle populaire" aurait ainsi trouvé une adéquation entre les frais engagés et la baisse de fréquentation qui n'épargne ni la capitale labourdine, ni Dax, Mont-de-Marsan, Vic-Fezensac, Nîmes ou Béziers.

Ce n'est pas de la Grèce que l'on parle, ou du devenir de Festivals de Théâtre comme les Translatines, et pourtant, comme l'a indiqué dans son allocution de bienvenue le député-Maire de Bayonne Jean Grenet, il s'agit de "pérenniser cette activité dans un contexte de crise économique mondiale".

Soit.

Le "comment" passe dès lors par du lobbying auprès du gouvernement français pour que soit appliquée une TVA réduite "au même titre que les spectacles vivants" (ne serait-ce que quelques minutes, dans le cas présent, avant que la carcasse de la bête ne soit transformée en daube très prisée).

Un groupe de travail qui planchera sur les honoraires des plus riches, mais également sur la revalorisation des plus faibles cachets.

Histoire de rendre plus "attractifs" par exemple des tarifs échelonnés actuellement de 40 à 100 euros la place.

Le FMI n'a pas été sollicité, et c'est une bonne chose (d'autres chats à fouetter).

Reste que, même avec une formule de style bien douteuse de la Maire de Mont-de-Marsan ("il faut stopper l'hémorragie"), toutes ces figures tauromachiques ne semblent pas en mesure de régler le problème du "pourquoi faudrait-il sauver la tauromachie".

"La Corrida est bien un patrimoine majeur de la Culture humaine", a récemment affirmé la France, en la classant auprès de l'Unesco, mais sans jurer ses grands dieux qu'elle parviendra à préserver l'ensemble de ses "patrimoines majeurs".

Aussi résistant qu'une tache de sang sur une veste de torero, le fait est que l'argent public, collecté au travers des impôts, continue de subventionner une activité considérée par beaucoup comme moralement répréhensible, la laissant plus désarmée qu'un toréro sans muleta face aux critiques sur son déficit financier récurrent, surtout "dans un contexte de crise économique mondiale".

La cruauté animale est donc réhaussée par une interrogation citoyenne légitime, au-delà même des freins posés sur la terre-mère espagnole (arrêt des retransmissions par la télévision nationale espagnole depuis octobre 2008, ou vote, le 28 juillet 2010, de l'interdiction pure et simple de la corrida en Catalogne).

Au titre des "traditions à préserver", sans doute faudrait-il repenser certaines argumentations, et penser à organiser des Assises de la Culture, voire du Sport, de la Pauvreté, pour demander aux contribuables vers où iraient alors leurs préférences.

Car les "traditions" n'ont pas plus que les autres la possibilité de rester éternelles.

Dans ce contexte, il est un peu ridicule de répéter que la corrida participe d'une certaine "identité" des peuples (comme les combats de chiens dans l'Angleterre au 18ème siècle ?), d'une fonction sociale (comme les associations en charge des mal-logés ou des mal-nourris ?), et que ses opposants n'opèreraient que dans la seule logique de confrontation aux gouvernants (comme les Indignés ?).

Commentaires

  • Les infos du Pays Basque

    • Euskal Herria

      Euskal Herria

      Retrouvez toutes nos actualités les plus récentes relatives au Pays Basque recueillies sur une seule page.