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19:09

Société

Contamination radioactive

Fertiladour : "Une étude épidémiologique des salariés est impérative"

Rédaction

eitb.com

La dépollution du site industriel du Port de Bayonne est officiellement insuffisante, se sont félicités les lanceurs d'alerte, mais la question de la santé des anciens ouvriers doit être posée.

02:01
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Le rapport de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), la plus haute juridiction française en termes de radioactivité, est en mesure de clôre définitivement toute incertitude sur la réalité de la pollution significative encore présente de l'ancienne usine Fertiladour du Boucau (zone portuaire de Bayonne), et son propriétaire, le groupe Agriva, a pris connaissance dans la foulée du double refus qui s'impose à cet industriel dans son désir de "quitter le lieu" et de vendre ses 7,5 hectares pour 6 millions d'euros.

Lundi, lors de la Commission Permanente de la Région Aquitaine, son Président Alain Rousset a rendu un avis de refus "provisoire" sur l’intérêt pour la Région de réutiliser ce site en l'état actuel, au vu du "caractère insuffisant des mesures de dépollution effectuées à ce jour".

D'autre part, par décision préfectorale, l'instruction de l'arrêté de la cessation d'activité à Fertiladour est suspendue également à la demande faite à l'Etat par la Région d'imposer au groupe industriel le principe de pollueur-payeur "afin d'éviter que ce terrain demeure une friche industrielle en déshérence".

Une double décision saluée comme il se doit par les lanceurs d'alertes du CADE, à l'origine de cette dénonciation en janvier 1997, qui ont rappelé ce matin en conférence de presse ses arguments déjà déployés à de nombreuses reprises.

"Ce qui ressort du rapport de l'ASN, c'est bien la confirmation que l'industriel a cherché à maquiller la contamination des terres", a expliqué son porte-parole Victor Pachon, "réussissant au bout du compte à maintenir contaminées les zones déjà repérées mais également, à force de charrier les terres, à étendre cette pollution sur 25.000 m2 au lieu des 12.000 initiaux".

Un "bouclier de scories" à dégager d'un tiers du site, de nouvelles extractions "à curer jusqu'à l'os" sur une très grande surface, et une observation permanente des effets du radon, gaz naturel radioactif : autant de mesures prescrites de nouveau, pour une vrai dépollution des 7,5 hectares que, en septembre 2010, le laboratoire indépendant de l'ACRO avait chiffré à plus de 20 millions d'euros.

"Après avoir mis 20 ans pour faire de Fertiladour un Stéril-adour, nous serons nombreux à nous opposer à ce que cet industriel brutal imagine le convertir en Or-adour", a complété une délégation du Comité de Soutien aux Victimes de Fertiladour, qui oeuvre depuis mai 2011 pour que toute la vérité soit faite sur les conditions de travail des 200 personnes qui y ont travaillé entre 1970 et 2006.

"Aujourd'hui, les seules études de radioprotection qui existent montrent qu'il y a un risque pour les personnes qui y travailleraient actuellement, alors qu'il n'y a plus que la contamination radioactive résiduelle sur le site", a précisé son Président Jean Yves Deyris.

Tous les moyens de cette initiative associative sont donc concentrés sur l'exigence de lancement d'une étude épidémiologique qui pourrait déterminer ce à quoi ont été exposés les salariés de Fertiladour pendant les "années monazite".

"Le port d'un dosimètre individuel est un leurre derrière l'industriel s'est caché, quand il a pourtant signé en 1973 l'obligation de le faire porter par ses salariés, afin de connaitre mois après mois leurs expositions cumulées aux ionisations du thorium", a détaillé l'un des membres du Comité.

A l'IRSN, chargé de recueillir ces données médicales, les anciens salariés découvrent qu'il n'y a pas de dossier à leur nom ou alors que le dossier est vide, ou que, pendant des années entières, les dosimètres envoyés par l'industriel restaient vierges alors qu'étaient traités des milliers de tonnes de monazite (officiellement 55.000 tonnes de 1973 à 1992).

"De désastre environnemental Fertiladour doit aussi être qualifié de grave problème de santé publique", ont-ils conclu, et la campagne de recherches des noms des anciens salariés (mais également des riverains) sera poursuivie.

Sur le site www.fetidadour.com, a ainsi été mis en ligne un "formulaire de témoignages" ainsi qu'un chapitre particulier permettant "à tous ceux qui doivent savoir" de trouver l'ensemble des démarches administratives permettant de récupérer leurs (éventuels) suivis médicaux.

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