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Société

Polluants cancérigènes

Bayonne : le projet Marinadour sort de terre, polluée rappelle le CADE

Rédaction

eitb.com

L'ensemble immobilier de 4 hectares du groupe Kaufman and Broad qui doit voir le jour à Bayonne repose en partie sur un ancien site industriel dont les sols pollués ne peuvent être traités à minima.

  • Membres du CADE sur la tête de pont Grenet à Bayonne, devant les terrains pollués. Photo : EITB

    Membres du CADE sur la tête de pont Grenet à Bayonne, devant les terrains pollués. Photo : EITB

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L'insistance avec laquelle le promoteur immobilier Kaufman and Broad (K&B) vante les mérites de son projet du nouvel ensemble immobilier Marinadour, à Bayonne, tranche avec la "simplification" qui sied à sa prise en compte d'un historique industriel lourd présent sur le lot 1A au 25 Allées Marines, sur l'ancienne usine à gaz (entre 1886 et 1930) dont la pollution des sols n'est pourtant pas une inconnue.

"La ville est fière de son passé, mais ouverte sur le contemporain. Ce projet de Marinadour incarne cette vision de modernité souhaitée", avait souligné en juin dernier le député-maire de Bayonne Jean Grenet, en présence du directeur général de Kauman&Broad Sud ouest, Jacques Rubio.

En conférence de presse ce matin, les militants du Collectif d'Associations pour la Défense de l'Environnement (CADE) ont rappelé que 6.375 m2 concernés par l'un des 3 lots portent encore une contamination lourde et classée comme tel (benzène, hydrocarbures, matières toxiques et cancérigènes), que les propriétaires précédents n'avaient pas cherché à dissimuler.

Après un premier travail en 1995 par l'entreprise publique GDF de décontamination superficielle puis de confinement du reste, c'est en 2004 que, à l'initiative de son nouveau propriétaire, la  communauté d'agglomération Bayonne-Anglet-Biarritz (aujourd'hui devenue ACBA), fut mandaté un cabinet, la société HPC Envirotec, afin de déterminer "le recensement des sols polluants présents sur le site", toute la puissance publique devant être sollicitée pour que le propriétaire des terrains "prenne les mesures nécessaires" pour s'acquitter d'une contamination en profondeur des sols.

Etait demandé également à HPC de déterminer plusieurs scénarios de reconversion du site (résidentiel, logements collectifs, zones de bureaux, zone industriel, etc), qui devait conclure à "l'existence de risques sanitaires non tolérables pour l'ensemble de scénarios considérés", comme en prit connaissances les élus locaux en novembre 2004.

Le coût de la dépollution est chiffrée "de 1 à 3,6 millions d'euros" et ses caractéristiques définies avec précision : les 4.300 m3 de terres contaminées doivent être transférées vers des centres de traitement spécifiques, à Bordeaux, Marseille ou aux Pays Bas.

Et puis plus rien.

Jusqu'à ce mois de juin 2011 et une conférence de presse spectaculaire du groupe Kaufman and Broad et d'élus de cette même communauté d'agglomération, dévoilant le projet Marinadour, réalisé sous maîtrise d’ouvrage de l’Agglomération Côte Basque - Adour, pour un vaste ensemble immobilier de logements privés et d'habitats sociaux, avec tout ce qu'il faut de jolis jardinets d'enfants, et même une résidence pour personnes âgées.

Sur l'ensemble des 4 hectares, sont alors présentés 316 futurs logements dont 30 % sociaux, une résidence pour personnes âgées, des commerces et un hôtel 4 étoiles, 6 000 m2 de commerces, dont "une surface alimentaire" de 2 500 m2 : l'ensemble claque, et est même présenté comme issu d'une réflexion sur l'éco-design.

Le début des travaux est fixé au 2ème semestre 2012, les affiches 4 par 3 ornent la tête de pont du Pont Grenet, les appartements et bureaux sont déjà proposés à la vente, mais le plus grand silence est offert sur cette pollution historique.

L'insistance du CADE ayant produit ses fruits, c'est dans une note interne du promoteur K&B de juillet 2011 qu'est visible la "prise en charge" des terres polluées par l'opérateur privé, sur ces "seules parcelles N°144 et 145 (à priori) en parties polluées".

Une "distanciation" que connait bien le CADE, qui a déja eu à entendre ce credo dans un autre dossier de terres contaminées, celle de l'ancienne usine Fertiladour du Boucau, ont-ils tenus à souligner.

Ainsi, les dispositions à minima sont décrites en termes qui ne parviennent pas à convaincre ceux qui refusent de voir des reconversions de sites industriels enterrer l'historique de leurs pollutions.

Devrait donc être procédé à "l'extraction d'une première couche de métariaux" sans aucune notification de l'endroit où seront dirigées ces terres fortement contaminées ; à la mise en place d'un parking enterré de 311 places "avec mise en oeuvre d'une dalle de parking étanche et le maintien d'une couche ventilée", "autant d'éléments qui contribuent à minimiser les contraintes afférentes au problèmes d'inhalation", selon K&B.

"Un peu court", a contesté le porte parole du CADE, Victor Pachon, qui demande à K&B de ne pas spéculer sur une "trajectoire de l'oubli".

"Il est hors de question que Kaufman and Broad nous fasse le coup du "circulez, y'a rien à voir" quand tous les avertissements existent de façon officielle", a-t-il rappelé.

"La question de la destinations des polluants, d'une dépollution à minima, de l'impatience des élus et du privé pour que dissimulée la nature des sols : rien ne passera inaperçu", avertit Victor Pachon, "ce site est désormais sous surveillance citoyenne jusqu'à ce que la réhabilitation du site aille jusqu'au bout de tout ce qui a été discuté et obtenu par le passé".

La direction de Kaufman and Broad sera sollicitée par notre rédaction pour pouvoir présenter son point de vue sur ce dossier.

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