Quel été pour le printemps des indignés ?

Spontané, citoyen et apolitique, le mouvement des ''''indignés'''', relayé par les réseaux sociaux, s''est rapidement amplifié depuis son apparition le 15 mai dernier à Madrid. Il a même réussi à franchir les Pyrénées. Or, la question de son avenir se pose de plus en plus.

Le mouvement des ''''indignés'''' a repris de l''ampleur ce week-end, après l''intervention musclée de la police vendredi à Barcelone. Des milliers de manifestants ont de nouveau investi les places des grandes villes espagnoles. À Madrid, ce dimanche, la mobilisation n''a jamais été aussi forte.

Si le village alternatif à Madrid continue d''être depuis presque deux semaines le coeur du mouvement, la vague de contestation s''est étendue à toute l''Espagne et a même traversé les Pyrénées.

Au Pays Basque, des campements ont été dressés à Bilbao, Saint-Sébastien et Vitoria-Gasteiz. À Bayonne, une centaine de personnes ont continué dimanche d''animer le "village des indignés" installé depuis mercredi et ont prévu des actions surprise pour cette semaine.

À Paris, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche place de la Bastille pour protester contre la précarité, le chômage et la corruption, suivant l''exemple du mouvement des "indignés" espagnol. Une grande banderole disant "démocratie réelle maintenant" flottait au-dessus des marches de l''opéra Bastille, alors qu''une autre incitait les Parisiens à se réveiller.

Vers 21h30, la police est intervenue pour évacuer la place de la Bastille et démonter les tentes. Une évacuation musclée, selon les manifestants qui auraient décidé d''investir une autre place.&' || 'nbsp;La manifestation avait pourtant démarré dans le calme et sous le soleil, mais s''est donc terminée dans l''agitation et l''odeur des gaz lacrymogènes.

À Athènes, la place centrale était noire de monde dimanche soir à l''appel des indignés. Des dizaines de milliers d''indignés grecs y ont manifesté dimanche soir.

&' || 'nbsp;

Mais quel été s''annonce pour ce printemps des "indignés"?

&' || 'nbsp;

(Rassemblement des indignés à Bilbao. Photo: EFE)

&' || 'nbsp;

Les "indignés" réunis place de la Puerta del Sol à Madrid ont décidé dimanche de poursuivre l''occupation de la place et de maintenir leur village de tentes. Ils décideront plus tard combien de temps.

En début de l''assemblée générale, dimanche soir, certains comité défendaient l''idée de prolonger l''occupation de la place encore une semaine pour mieux définir les initiatives du mouvement, alors que d''autres défendaient l''idée de démanteler le campement pour passer le relais aux quartiers et communes voisines de la capitale.

Il s''agirait, dans ce cas, de poursuivre la mobilisation à un niveau plus local. Samedi, en guise d''essai, des assemblées ont été organisées dans des dizaines de quartiers. Or, cette délocalisation et création de collectifs de quartier risque de générer un mouvement qui fonctionne à différents rythmes ou qui pourrait même perdre sa force.

À Bilbao, les quelques 300 personnes qui ont participé à l''assemblée ont également décidé dimanche soir de poursuivre le rassemblement en face du théâtre Arriaga.

Selon Tomas Ibañez, professeur de psychologie sociale à l''Université de Barcelone, la suite immédiate du mouvement est difficile a prévoir. Les interventions policières relancent et fortifient souvent le mouvement, estime-t-il dans un entretien avec Rue89.

À long terme, il est possible que "seuls fonctionnent vraiment les réseaux Internet," indique-t-il, "mais ils garderont la possibilité de réinitier des occupations de places publiques, des manifestations, et des actions diverses qui n''auront d''autre garantie de succès que la réceptivité qu''elles trouveront chez les concernés".

Quoi qu''il en soit, Tomas Ibañez est convaincu que le processus enclenché, l''expérience vécue par des milliers de jeunes, leur capacité de rassembler des milliers de personnes en dehors des organisations traditionnelle et les transformations éprouvées laisseront sans doute "des traces profondes".

&' || 'nbsp;