Le Canard Enchaîné n'ira pas nicher dans les Favelas de Bayonne

En juin dernier, nous nous étions fait l''écho de la colère des habitants du Hameau du Platoun, à Bayonne (Pays Basque nord), propriétaires de "rêves en bois", traduisez des habitations cubiques en bois censées leur apporter un toit, du réconfort et le plaisir d''une construction innovante et éco-responsable.

Deux ans après leurs livraisons à leurs propriétaires, c''est le titre de "favelas de Bayonne" qui caractérise le mieux ces 39 logements, dont la dégradation accélérée a tourné au cauchemar, et où l''ensemble des parties prenantes, du cabinet d''urbanisme à l''Office HLM, s''est retrouvée responsabilisée depuis la publication d''un rapport de géomètre expert en mars dernier, à même de nourrir une cinglante procédure judiciaire.

Dans son édition du mercredi 3 août, l''hebdomadaire Le Canard Enchainé y est également allé de son coup de bec, en rappelant les innombrables "couacs" de ce projet, de son isolation inexistante aux risques de salut vécus par ses habitants (en citant par exemple un ballon d''eau chaude s''étant décroché et ayant traversé le plancher).

Si l''infatigable empêcheur de se taire en rond n''a pas réussi à convaincre l''office HLM de répondre à ses questions, on y apprend tout de même que, désormais, la proposition de rachat des "maisons en carton invendables" (comme les désigne un propriétaire) serait située à 20% au-dessous de son prix de vente deux ans auparavant.

Soit une dépréciation annuelle de 10% du capital apporté, sur des pertes allant de 28.000 euros à 40.000 euros pour certains, pour des propriétaires ayant accédé sur des critères sociaux au bon vieux rêve de Sarkozy ("une maison pour tous").

Dans ces conditions, on ne saurait trop recommander à l''Office HLM de récupérer tant bien que mal les panneaux de bois grisés et gondolés par l''humidité pour s''abriter et se barricader face à la colère légitime des propriétaires de ces "poumons de vie", dont le concept new-âge a définitivement basculé dans le nébuleux, jusqu''à l''écoeurement.